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Interview de Audrey Blumenfeld dans Cheval pratique

CHEVAL PRATTIQUE - Avril 2018

Cheval pratique : Qu’est-ce que l’équicoaching ?

Audrey Blumenfeld : Vous connaissez l’équithérapie ?
L’équicoaching c’est un peu pareil mais le cavalier n’est pas malade, je veux dire au sens physiologique du terme.

Quelles sont vos techniques ?

Pour les personnes qui ont peur, on commence plus ou moins loin du cheval et on se met en lien avec son corps : comment ressent-on la peur ? On a le ventre qui se noue ? La gorge qui se serre ?
Quand on a peur, notre corps nous dit “mets-toi en sécurité”. Il faut se mettre au clair avec ça et chaque cas va être complètement différent. Pour ceux qui ont eu de grandes peurs à cheval, on évacue les peurs avant de se remettre à cheval. On en parle jusqu’à ce que la sensation de peur disparaisse. On ne s’y met pas tant qu’on n’a pas évacué cette sensation négative; toutes les raisons sont différentes.
On connaît la peur de sauter : tant qu’on ne parle pas de sauter ça va; et dès qu’on met une barre l’appréhension monte.

Ça doit prendre un certain temps ?

C’est très variable! Ça peut prendre cinq minutes pour certains et beaucoup plus pour ceux qui ne peuvent pas s’approcher à dix mètres, mais tout est possible!
J’ai eu une cavalière de concours qui ne montait plus du tout et maintenant, je ne la vois que toutes les trois semaines. Elle sait que si sa jument est agitée quand elle va la chercher, elle ne monte pas dessus ou bien elle travaille en main. Elle ne monte pas tant qu’elle considère que les conditions ne sont pas réunies.
C’est s’autoriser à se dire : si j’ai peur, je ne monte pas! Et si je veux monter, toujours trouver des conditions pour se mettre en sécurité : je change un paramètre pour faire baisser mon appréhension…

Pourquoi les cavaliers semblent avoir de plus en plus peur ?

Si ce n’est pas le cas, je crois qu’ils prennent de plus en plus conscience qu’on ne peut plus traiter le cheval comme avant, ils sont obligés de changer. Avant on mettait une paire de rênes allemandes et voilà!
Maintenant, il y a le bien-être animal. La relation cheval est différente… et le cavalier a moins envie de tomber, de se faire mal. On cherche tous une nouvelle manière de faire.

A contrario, pourquoi certains cavaliers semblent n’avoir jamais peur ?

Ceux qui n’ont pas peur sont bien connectés à leur corps et ils peuvent avoir peur à un moment mais, si la peur monte, ils vont changer ce paramètre dont je viens de parler : par exemple, ils vont repasser au pas…
Si un cavalier vous dit “je n’ai jamais peur” je pense que ce n’est pas vrai, mais certains sont tellement en harmonie avec leur cheval et leur corps que la peur n’as pas un problème. Et tant qu’on n’a pas eu la mauvaise expérience, on n’a pas de traumatisme! L’expérience fait le contexte. Il y a deux types de peurs : la réelle (peur de se faire marcher sur les pieds) et ce que j’appelle : “la vulnérabilité” ou peur imaginaire. On se dit : “si je le lâche, que va dire mon prof?” C’est très lié à notre éducation ou ce que notre moniteur nous a dit… On a honte.
Cette peur est très humaine et il faut apprendre à gérer cette vulnérabilité! Le cheval n’en a pas. Pour lui c’est “tac, j’ai peur” et puis “non, je me suis trompé, il n’y a pas de danger”, et il remet son nez dans la paille, mais ne se dit pas “la honte, mon pote de box me trouve idiot de pas sauter cet obstacle”

Que pourriez-vous conseiller ?

La peur est positive!
C’est un apprentissage. Il ne faut pas avoir peur de la peur, mais comprendre les messages qu’elle peut nous donner et apprendre à travailler avec elle!

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