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Comprendre et gérer un groupe de chevaux

Comprendre et gérer un groupe de chevaux

La compréhension d’un groupe de chevaux repose principalement sur les relations et les comportements des chevaux dans un milieu naturel.

Le poulain dans son milieu naturel

Pour commencer, les chevaux ont un modèle de famille défini, comme les Hommes. Le modèle défini dans une de ces familles est composé d’un étalon adulte, de une à trois juments et de jeunes poulains. L’environnement créé est alors optimal pour les jeunes afin d’apprendre à se socialiser.

Le poulain prend au fur et à mesure son indépendance, et souvent bien avant le sevrage. Les interactions entre les prépubères sont alors très importantes, caractérisées par le jeu et le toilettage mutuels, appelé généralement « grooming » par nos voisins anglophones.

À ce jeune âge, les jeunes poulains ne savent souvent pas s’arrêter ou se limiter en termes de jeux et peuvent être rappelés à l’ordre par leurs parents. Ces remontrances sont perçues comme musclées par les juvéniles qui adoptent une technique appelée « snapping » ou encore « le machouillement du poulain » dans la langue de Molière. Cette dernière est caractérisée par la tête positionnée en avant et plutôt basse, des oreilles tournées vers l’arrière et la façon dont il fait claquer sa mâchoire en découvrant sa langue. Certains y voient une acceptation de dominance ou le fait de désamorcer la colère de l’adulte.

À savoir, moins il y a d’adultes dans un groupe, plus ce dernier se montrera agressif afin d’occuper un poste dominant et dominateur.

La stabilité de la famille repose sur les relations entre les juments qui montrent une agressivité faible et des toilettages mutuels. L’étalon, par la suite, s’occupe de les rassembler. Au sein du groupe, chaque élément a un à trois partenaires préférentiels avec lesquels ils seront vus plus souvent, ou encore feront leurs toilettages mutuels.

La gestion des groupes

Le comportement des groupes de chevaux est grandement modifié par la taille de l’environnement qu’ils occupent. Selon de nombreux experts, une durée de 24h minimum est nécessaire afin de remarquer des différences de comportements lors d’un changement d’habitat. Deux éléments peuvent être observés: la modification proportionnelle des différents comportements et la disparition/apparition de certains comportements.

Les relations sociales entre les différents individus des groupes sont grandement altérées par la taille de l’enclos. Une étude récente a comparé les comportements sur les relations sociales lorsqu’ils sont dans des paddocks de 50m², 85m², 300m² par cheval ou encore à l’état naturel.

Dans les enclos de 50m² par cheval, où le fourrage n’est pas disponible à volonté, certains comportements ont complètement disparu. Le cheval ne se couche plus, ne se roule plus et la toilette mutuelle n’est plus observable. Le comportement de ces derniers est beaucoup plus agressif entre les congénères. Seules des relations sociales négatives sont observées, ils passent la moitié de temps habituel à manger et le double du temps normal en marche active ce qui peut être traduit par une envie de s’échapper.

Lorsque l’enclos passe à 85 m² par cheval, quelques relations positives émergent comme du grooming mutuel, mais le reste du comportement est toujours négatif la plupart du temps.

Avec des enclos plus grands de 300 m² par cheval, le comportement est totalement changé, pratiquement plus aucune agression n’est remarquée et les interactions sociales positives se multiplient considérablement.

L’alimentation

La disponibilité des ressources en termes de nourriture est très importante, et son influence est grande sur le comportement des chevaux. Les meilleures solutions seraient de fournir de grandes quantités de nourriture dans les paddocks car cela réduit les comportements agressifs. Ces comportements agressifs sont aussi modifiés par la solution de service du fourrage, la distribution au sol est déconseillée contrairement à la distribution dans des filets.

La théorie du budget entre aussi en compte. Si le cheval passe plus de temps à se nourrir (55% de son temps libre normalement), il passera moins de temps à rester immobile ou à tourner en rond. Les relations positives ont vu une amélioration significative grâce à ces méthodes.

À savoir qu’il faut prendre en compte ceux qui sont le plus bas dans la hiérarchie afin de combler tout le groupe.

La composition des groupes

Les conditions naturelles étant optimales, il faut essayer de s’en rapprocher au plus près. Cependant, dans les élevages habituels, les chevaux sont attribués à différents groupes, les étalons et les jeunes sont respectivement écartés, les juments avec leurs poulains sont mis ensemble et les juments seules sont séparées.

Il est indiqué d’intégrer des adultes chez les jeunes afin d’élaborer leurs relations sociales et l’établissement d’une hiérarchie, ce qui amplifie les réactions positives au sein du même groupe. Laisser la jument élever seule son poulain n’est pas optimal car elle sera plus indulgente.

D’après de nombreux auteurs réputés, une forte corrélation existe entre l’agressivité interne des groupes de chevaux et leur taille. La recommandation principale en termes de groupe, donc de « famille » est de 4 à 6 chevaux.

En général, dans un groupe conforme aux recommandations, les relations sont stables et non agressives. Seulement, certains éleveurs n’hésitent pas à modifier leur composition, certains plusieurs fois par mois, ce qui peut provoquer des blessures.

Est-ce possible d’introduire un cheval dans un groupe ? Si oui, comment ?

Nous avons parlé, ci-dessus, de la hiérarchie qui se créé dans un groupe. Évidemment, lorsque l’on veut intégrer un nouvel élément au sein de ce groupe, cette hiérarchie en devient bousculée, et l’ordre fragilisé. Le nouveau venu va souvent provoquer la colère des autres individus, qui vont se battre pour conserver leur position hiérarchique. Trois propositions sont donc conseillées pour intégrer un cheval :

  • Réunir un cheval du groupe seul avec lui dans le même paddock, et regrouper le groupe dans un paddock voisin
  • L’ajouter directement au groupe
  • Ajouter le cheval au groupe après une semaine passée dans un paddock voisin

La première proposition reste la plus efficace pour supprimer tous les comportements agressifs, mais c’est aussi la plus longue et la plus onéreuse.

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