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Arlette, patiente en équithérapie, témoigne…

Changer n’est pas devenir quelqu’un d’autre, c’est devenir qui on est et l’accepter.
Jacques Salomé

J’avais eu l’accord médical de participer à l’atelier d’équithérapie, ce qui n’était pas gagné compte tenu de ma difficulté à rester trop longtemps debout et à marcher. Après concertation de l’équipe, l’accord m’était donné de découvrir le site et de juger si je m’y sentais à l’aise.

Je rêvais depuis longtemps d’approcher un cheval, de le toucher. Cet animal m’a toujours subjuguée par sa noblesse et sa grâce naturelles.

Les 2 premières séances me ravirent. Les autres patients participaient à guider ou faire avancer l’animal. Pour ma part j’étais une spectatrice heureuse. Je n’avais aucune appréhension et lors de la première séance, le cheval venait très près de moi et je sentais une grande complicité bien apaisante.

Lors de la séance du jeudi 7 octobre, l’exercice proposé semblait plus délicat. Sur la piste, quelques obstacles étaient installés et nous devions faire avancer le cheval sur le parcours indiqué par Audrey. Louis, Christophe, Laurent, Bruno et Yannick se « jetaient à l’eau » et réussissaient leur challenge. Puis arriva mon tour et la question d’Audrey : « Que peux-tu faire ? ». Je décidais de faire, avec le soutien de Bérénice, l’infirmière, à mon rythme, le même parcours que mes amis. Je sentais qu’Audrey était réticente car mon niveau d’appréhension était à 7 et elle estimait, en qualité d’experte, que c’était trop.

J’insistais pour suivre mon idée première. Mes premiers pas étaient hasardeux, je perdais l’équilibre. Le cheval, qui devait sentir le danger (selon Audrey), préférait se détourner et manger quelques fleurs à travers le grillage. Audrey me ramenait doucement avec ses mots, à la réalité. Ce n’était pas prudent. Ni pour moi qui forçais sur mes jambes fébriles, ni pour le cheval qui sentait le malaise.

J’étais obligée d’avouer que je me sentais frustrée de ne pas pouvoir faire comme les autres et, à cet instant, une grande révélation surgissait en mon esprit : Faire comme les autres. Je réalisais brutalement que j’avais passé 60 ans à vouloir FAIRE COMME LES AUTRES. J’avais utilisé toute mon énergie à me battre pour dissimuler ma légère différence. Je considérais que j’avais gâché trop de temps à faire semblant.

Je quittais la piste en pleurs alors que je n’arrivais plus à pleurer. L’émotion était profonde, intense, et m’avait forcée à prendre conscience que vouloir être comme les autres est inutile et épuisant. Après un débriefing avec les équithérapeutes et les autres participants, je repartais nourrie de cette révélation qui allait certainement m’apporter beaucoup de force pour changer de cap et avancer.

Arlette

Source, La Gazette des Histoires d’un Jour (Octobre-Novembre 2021)
Avec le concours de Ramsay Santé Clinique d’Yveline

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